Quelles sont les différentes méthodes d’étude des migrations des insectes? En quoi consistent-elles?

Thèmes :

Parmi les insectes migrateurs, nous comptons entre autres des Libellules (genre Sympetrum par exemple), des Orthoptères (le trop célèbre Criquet migrateur = Locusta migratoria) et bien sûr des Lépidoptères (divers papillons de jour et de nuit). La liste des papillons migrateurs (ma spécialité) est plutôt longue. Outre-atlantique, le plus célèbre reste sans conteste le Monarque (Danaus plexippus), mais chez nous, nous pouvons citer les migrations annuelles du Vulcain (Vanessa atalanta), de la Belle-dame (Vanessa cardui) ou du Souci (Colias crocea) en ce qui concerne les papillons de jour ; pour les papillons de nuit, citons par exemple le Sphinx à Tête de Mort (Acherontia atropos) ou la Noctuelle Lambda (Autographa gamma).

En ce qui concerne les papillons, donc, la méthode générale est fort simple puisqu’elle se résume à l’observation sur le terrain : comptage des individus aperçus avec date et localisation précise de l’observation. Chaque observateur envoie ses données à la fin de chaque année. Une analyse en est faite et une synthèse est rédigée.

Il y a deux cas de figure principaux selon que le papillon est en migration active ou non.

On reconnaît un papillon en migration active à son vol rapide, dans une direction fixe (plutôt vers le nord au printemps et plutôt vers le sud à la fin de l’été et à l’automne), entre 1,5 et 3 ou 4 m du sol, au fait qu’il ne s’intéresse pas aux nectars floraux et au fait qu’il aura plutôt tendance à survoler les obstacles plutôt que de les contourner (une maison par exemple). Chez certaines espèces (Vulcain, Belle-dame, Souci par exemple), les papillons en migration active sont rarement isolés : on peut souvent assister à un véritable passage de papillons comme il en existe pour les oiseaux. En effet, on reconnaît un passage migratoire aux papillons en migration active qui se suivent les uns derrière les autres à la queue leu leu : souvent, il y en a deux ou trois côte à côte, suivis entre 15 et 60 secondes après par quelques autres et ainsi de suite pendant parfois plusieurs heures. Quelques fois, dans des localités privilégiés (couloirs de migration, comme les côtes de l’Atlantique ou de la Manche, ou encore la vallée du Rhône), on assiste à un véritable nuages de plusieurs milliers de papillons !

Donc, dans le cas de migrations actives, il est conseillé de se placer perpendiculairement à l’axe de migration, de prendre position dans un endroit plutôt dégagé et de comptabiliser les papillons qui passent devant vous. Il peut s’avérer intéressant de mentionner le détail des passages par un décompte du nombre de papillons toutes les 5 ou 10 min par exemple, cela permet entre autre de mettre en évidence le pic de migration.

En ce qui concerne l’autre cas, le cas où il n’y a pas migration active, il n’y a pas de placement privilégié de l’observateur. Celui-ci prospecte les biotopes les plus favorables à l’observation des espèces qu’il souhaite observer, par exemple, pour le Vulcain, la Belle-dame ou le Souci, les Buddleias (arbres à papillons). L’observateur note alors simplement le nombre de papillons différents qu’il observe en précisant si possible la durée de son observation.

Pour les personnes les plus averties, il est possible de faire du marquage de papillons. Des entomologistes allemands ont déjà tenté ce type d’expérience à grande échelle sur le Vulcain : ils accrochaient des petites étiquettes sur une aile avec un code et qui contacter en cas d’observation. Cette expérience a aussi été menée sur le Monarque aux États-Unis.

Plus simplement, il est possible de procéder à des marquages éphémères de manière à juste vérifier localement si le papillon observé plusieurs jours de suite dans une même localité est le même ou non. Par exemple, ce qui marche bien, c’est de mettre une tache de couleur à un endroit bien précis sur une des 4 ailes et de noter sur son carnet, tel jour, une tache à tel endroit, X papillons marqués. Le lendemain, une nouvelle observation permet de savoir quel est le pourcentage de papillons re-capturés et d’estimer ainsi le temps de séjour d’un papillon dans une localité donnée.

Un article sur des migrations de papillons au Japon : Le pourpré traverse l’autoroute, par Alain Fraval, Insectes n°145, 2007(2).