Les fourmis magnans vivent en forêt équatoriale. Elles chassent en nappe, par millions d’individus, en recouvrant de grandes surfaces. Le sol de la forêt a l’apparence d’une surface « liquide », remuant comme de l’eau tant les fourmis sont partout et en mouvement. Aucun invertébré n’échappe à leurs terribles mâchoires… En revanche, les vertébrés s’enfuient devant les morsures et ne craignent donc pas grand-chose. Certains oiseaux opportunistes se postent sur des branches en avant de la nappe afin de récupérer les insectes qui s’enfuient !
De temps en temps, les magnans déplacent leur nid et migrent en de longues colonnes serrées. Elles s’observent d’autant plus facilement qu’elles peuvent mettre des heures à défiler en un même point tant elles sont nombreuses. Les soldats font le guet le long de la colonne en déplacement et, s’ils vous repèrent, viennent mordiller vos chaussures avec une agressivité impressionnante. Même s’ils sont assez grands (environ 2 cm) vos chaussures ne risquent rien…
Ces soldats sont d’ailleurs utilisés traditionnellement pour soigner certaines plaies comme les coupures. Chez les Pygmées notamment, on utilise un soldat magnan auquel on fait mordre la peau de chaque coté de la coupure et on lui coupe la tête. Cette dernière restera en place en maintenant la plaie fermée jusqu’à la cicatrisation…
Certaines légendes font état d’êtres humains dévorés par des fourmis magnans. Laissons leur leur statut de légende. Pour qu’un être humain soit dévoré, il faut qu’il soit mort ou dans l’incapacité de se déplacer ! Sinon, les premières morsures le pousseront à s’éloigner rapidement de la nappe et à retirer les fourmis qui, très agressives, sont restées sur lui, et c’est tout !
À lire, la reprise d’un texte du XIXe siècle : Voyages au pays des fourmis par Paul Belloni du Chaillu, Insectes n°142, 2006(3)

